Pigments : le blanc dans l’œuvre de Léonard de Vinci

Résultats scientifiques

Le pigment blanc appelé « blanc de plomb » utilisé par Léonard de Vinci a retenu l’attention des scientifiques, qui se sont toujours interrogés sur l’origine des nuances de blancs observées au sein d’une même unité picturale. Pour répondre à cette question, de nouvelles analyses de la composition et la microstructure de ce pigment, prélevé sur un microéchantillon de l’œuvre « La Vierge, l’Enfant Jésus et Sainte Anne » (Musée du Louvre) ont été réalisées*. Les résultats de ces analyses, rendues complexes par la taille (< 100 µm) et la diversité chimique de ce précieux fragment, sont à découvrir dans la revue Scientific Reports. Ils montrent que c’est l’utilisation de différentes structures cristallines de carbonates de plomb qui est à l’origine des effets picturaux sur la toile.

Bien que Léonard de Vinci ait développé des techniques picturales qu’il était le seul à maitriser, il n’a laissé presque aucune indication quant à la sélection, la fabrication et l’utilisation des matériaux composant sa palette. D’où les mystères qui entourent encore certains effets picturaux observés dans ses œuvres. Parmi eux, l’origine des différentes nuances de blanc obtenues à partir du pigment appelé « Blanc de plomb », utilisé par le maître, restait à élucider.

C’est chose faite grâce à des analyses de haute sensibilité d’un micro-échantillon prélevé sur l’ultime chef d’œuvre de Léonard : La Vierge, l’Enfant Jésus et Sainte Anne (Musée du Louvre), analyses rendues complexes par la taille (< 100 µm) et la complexité chimique de ce précieux fragment. Les expériences de microanalyse chimique, de diffraction des rayons X et de micro-imagerie de photoluminescence*, utilisant toutes la lumière synchrotron, seule source de lumière permettant des caractérisations aussi fines, ont révélé la structure microscopique de ce pigment blanc. Plusieurs phases cristallines de carbonates de plomb qui composent le « blanc de plomb » ont été identifiées, et les scientifiques ont pu montrer que leurs propriétés optiques différentes étaient à l’origine des rendus de blanc observés dans l’œuvre. Ces résultats, qui font l’objet d’un article dans la revue « Scientific Reports », vont permettre également de jeter un regard nouveau sur les écrits de Léonard de Vinci portant sur les relations qui existent entre la diffusion de la lumière, la nature du pigment, ses propriétés optiques et la couleur observée.

* Ce travail rassemble des scientifiques de l’Institut de recherche de chimie de Paris (CNRS/Chimie ParisTech), du Centre de recherche et de restauration des Musées de France (CNRS/Ministère de la culture), du Rijksmuseum Amsterdam, d’IPANEMA (CNRS/Ministère de la culture/Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines/Muséum national d’histoire naturelle) et du Synchrotron SOLEIL(CNRS/CEA).

Rédacteur : CCdM

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La combinaison d’analyse synchrotron de micro-imagerie de photoluminescence excitée dans l’UV lointain (SR-µ-PL) et de DRX à haute résolution angulaire (SR-HR-XRD) a permis d’obtenir des informations sur la composition et la microstructure du pigment employé par Léonard de Vinci à l’échelle micrométrique. © Victor Gonzales

 

Référence

Victor Gonzalez, Selwin Hageraats, Gilles Wallez, Myriam Eveno, Elisabeth Ravaud, Matthieu Réfrégiers, Mathieu Thoury, Michel Menu & Didier Gourier

Microchemical analysis of Leonardo de Vinci’s lead white paints reveals knowledge and control over pigment scattering properties.

Scientific Reports (2020)

https://doi.org/10.1038/s41598-020-78623-5  

Contact

Victor Gonzalez
Chercheur, Rijksmuseum, Science Department, Amsterdam, Pays-bas
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Anne-Valérie Ruzette
Chargée scientifique pour la communication - Institut de chimie du CNRS
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC