© Yassine Kadmi

Yassine KadmiEnseignant-chercheur au Laboratoire avancé de spectroscopie pour les interactions, la réactivité et l'environnement (CNRS/Université de Lille)

Emergence@INC

Avec son projet ECOPOAT-EAU, Yassine Kadmi, enseignant-chercheur au Laboratoire avancé de spectroscopie pour les interactions, la réactivité et l'environnement, est lauréat de l’appel à projet Emergence@INC2025. Par cet appel, CNRS Chimie accompagne des chargés de recherche ou maîtres de conférence recrutés depuis 4 à 10 ans en finançant un projet novateur et en encourageant la prise de risque.

Votre projet ECOPOAT-EAU vise à utiliser l’intelligence artificielle pour éliminer les polluants émergents dans l’eau. Pouvez-vous nous en dire plus ?

L’accès à l’eau potable est un défi crucial, car la qualité des eaux naturelles (de surface et souterraines) se dégrade rapidement sous l’effet des pollutions humaines. Chaque jour, des résidus médicamenteux, des pesticides ou d’autres contaminants organiques émergents sont rejetés dans l’environnement. Ces substances, parfois transformées en produits encore plus nocifs, peuvent persister dans les milieux aquatiques pendant des années. Mon projet s’appuie sur des procédés d’oxydation avancée pour dégrader ou éliminer ces résidus pharmaceutiques et phytosanitaires présents dans les effluents. Nous comptons développer une méthode simple et rapide pour analyser ces substances à l’état de traces ou d’ultra-traces, tout en évaluant l’efficacité, le coût et l’impact des traitements. En combinant statistiques, modélisations mathématiques et IA, nous espérons optimiser les paramètres de dégradation de ces polluants par des solutions à la fois efficaces et durables.

En quoi cette recherche est-elle innovante et à risque ?

Le Laboratoire avancé de spectroscopie pour les interactions, la réactivité et l'environnement (CNRS/Université de Lille) est mondialement reconnu pour son expertise dans la détection des contaminants organiques et le développement de traitements adaptés. En collaboration avec le Laboratoire de génie informatique et d’automatique de l’Artois (Université d’Artois), spécialisé en optimisation et IA, je souhaite créer un pont inédit entre chimie, technologies de dépollution et outils numériques pour explorer de nouvelles méthodologies. A moyen terme, celles-ci pourraient être transposables à l’échelle industrielle. Ce projet ambitieux mêle plusieurs disciplines pour établir des solutions viables pour la protection de l’environnement et de la santé humaine.

Quelles pourraient être les principales retombées ?

ECOPOAT-EAU permettra d’aborder la question des micropolluants organiques émergents sous leurs dimensions sanitaire, environnementale et économique. Les résultats pourraient aider à affiner les réglementations sur la qualité des eaux de surface et des effluents. Ce projet vise également à former des chercheurs, ingénieurs et techniciens, en leur apportant les compétences nécessaires pour rester à la pointe dans ce domaine. Enfin, cette approche pluridisciplinaire, associant chimie, procédés et IA, pourrait favoriser des collaborations internationales et le transfert de technologies vers l’industrie.

Rédacteur : AVR