© Yves Almécija

Prince Nana AmaniampongChercheur à l'Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers (CNRS/Université de Poitiers)

Médaille de bronze du CNRS

Ultrasons et chimie : deux mots que l’on n’associe pas spontanément. Pourtant, la sonochimie pourrait donner lieu à des solutions plus respectueuses de l’environnement. C’est à ce domaine original que s’intéresse Prince Nana Amaniampong, chargé de recherche à l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers (CNRS/Université de Poitiers) et lauréat de la médaille de bronze du CNRS en 2024.

Pour Prince Nana Amaniampong, c’est à Bangkok que résonne pour la première fois l’appel des ultrasons. « Pendant ma maîtrise, j’ai utilisé des ultrasons à basse fréquence pour transformer l’huile de cuisson usagée d’un restaurant en biodiesel », explique le chercheur. Il fait un détour par la catalyse conventionnelle durant sa thèse, qu’il soutient en 2016 à l’Université technologique de Nanyang à Singapour. Il est ensuite recruté au CNRS en 2019 comme chargé de recherche à l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers, où il recroise le chemin de la sonochimie, c’est-à-dire les applications des ultrasons en chimie.

Dans un liquide, les ultrasons induisent la formation de bulles. Ce phénomène de cavitation conduit, lorsque les bulles implosent, à des températures et des pressions localement si élevées que des radicaux libres hautement réactifs apparaissent dans le milieu réactionnel. Ces radicaux sont capables de démarrer une réaction chimique qui aurait autrement nécessité l’utilisation de catalyseurs et d’énergie thermique. La sonochimie est donc une solution économiquement viable et très attractive pour développer une chimie plus durable.

L’objectif des recherches de Prince Nana Amaniampong est justement de mieux contrôler l’apparition et l’évolution des bulles de cavitation à la surface des matériaux dans un milieu réactionnel. Lauréat d’un financement ANR jeune chercheur dès 2020, il reçoit le prix Jeune Chercheur de la division Catalyse de la Société chimique de France en 2022. En 2023, il est lauréat d’une prestigieuse bourse ERC Starting Grant.

« J’aimerais montrer que cette technologie n’est pas seulement pertinente pour le laboratoire, mais aussi applicable au niveau industriel », s’enthousiasme le chimiste. Il collabore étroitement avec INCREASE, une fédération de recherche public-privée hébergée par le CNRS et à laquelle participent des industriels. À terme, la sonochimie pourrait donner lieu à des applications dans le domaine de l’énergie et de la santé.

Le chimiste espère que sa médaille de bronze contribuera à faire gagner en visibilité son domaine de recherche. Nous n’avons pas fini d’entendre parler de la sonochimie !