© Justine Niedermayer

Guilhem ChaubetChercheur au laboratoire Chémo-Biologie Synthétique & Thérapeutique (CNRS/Université de Strasbourg)

Médaille de bronze du CNRS

Pour cibler des cellules cancéreuses sans attaquer les tissus sains, Guilhem Chaubet lie des anticorps à des molécules cytotoxiques. Des travaux en bioconjugaison qui ont valu à ce chercheur du laboratoire Chémo-biologie synthétique et thérapeutique (CNRS/Univ. Strasbourg) d’obtenir la médaille de bronze du CNRS.

Chargé de recherche CNRS au laboratoire Chémo-biologie synthétique et thérapeutique (CBST, CNRS/Univ. Strasbourg), Guilhem Chaubet est expert en bioconjugaison. Cette discipline consiste à créer des liaisons chimiques entre une molécule biologique et toute autre molécule. Les molécules biologiques de prédilection de Guilhem Chaubet sont les protéines, et plus particulièrement les anticorps.

« L’utilisation de nouveaux anticorps thérapeutiques s’est beaucoup développée ces vingt dernières années, notamment pour combattre le cancer dans le cadre d’immunothérapies, explique le chercheur. Notre système immunitaire n’est pas capable de combattre les cellules cancéreuses, alors nous donnons aux patients des anticorps modifiés pour y parvenir. »

Dans ce contexte, Guilhem Chaubet conjugue un de ces anticorps à une molécule toxique pour les cellules. Celle-ci est ainsi acheminée jusqu’à sa cible pour la détruire, sans attaquer de tissus sains à la différence de la chimiothérapie. Cette approche demande à Guilhem Chaubet de créer un lien chimique entre les deux molécules qui soit assez fort pour ne pas se distendre en cours de route, tout en se défaisant de lui-même une fois arrivé à destination.

Pour remplir ces conditions, Guilhem Chaubet utilise la chimie bio-orthogonale. Dans cette approche, il greffe à l’anticorps et à la toxine deux fonctions chimiques complémentaires capables de réagir l’une avec l’autre, mais qui n’existent pas dans le monde du vivant. L’anticorps et la toxine ainsi fonctionnalisés ne peuvent alors pas se mêler à d’autres éléments en présence, même dans l’extrême diversité des milieux biologiques. « C’est comme si l’on mettait deux faces opposées de velcro dans un sac rempli de plein d’autres objets, explique Guilhem Chaubet. Si l’on mélange le tout, elles vont fatalement finir par s’assembler, sans jamais risquer de se lier au reste. » Cela permet aussi de s’assurer que les toxines, bien plus petites que les anticorps, s’y accrochent au bon endroit.

« C’est paradoxal, mais j’ai développé mon amour pour la chimie lors d’un premier cursus en biologie, admet Guilhem Chaubet. J’y ai découvert une discipline complètement différente de ce qu’on apprenait au lycée et j’ai progressivement migré vers elle. »