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Daniela VergaChercheuse au laboratoire Chimie et modélisation pour la biologie du cancer (CNRS/INSERM/Institut Curie/Université Paris-Saclay)

Emergence@INC

Avec son projet RNAcode, Daniela Verga, chercheuse au laboratoire Chimie et modélisation pour la biologie du cancer, est lauréate de l’appel à projet Emergence@INC2025. Par cet appel, CNRS Chimie accompagne des chargés de recherche ou maîtres de conférence recrutés depuis 4 à 10 ans en finançant un projet novateur et en encourageant la prise de risque.

Votre projet RNAcode vise à élucider les structures de petits ARN nucléolaires. Pouvez-vous nous en dire plus ?

L'ARN est une macromolécule essentielle à de nombreux processus biologiques. Il peut jouer un rôle clé dans la synthèse des protéines - c’est le cas des ARN messager - ou exercer ses propres fonctions pour les ARN non codants. Parmi ceux-ci, les ARN nucléolaires (snoARN) se trouvent dans le noyau des cellules et sont chargés de modifier d'autres ARN. Longtemps sous-estimés, ces snoARN se révèlent aujourd'hui être bien plus complexes, avec des fonctions multiples. Des études récentes ont même montré que leur production altérée dans les cellules peut être liée à l'apparition, la progression et les métastases de certains cancers. La fonction précise de chaque ARN dépend de la structure 3D qu'il peut adopter en solution. Ainsi, l'objectif de ce projet est de déterminer la structure de trois snoARN connus pour leur implication dans le développement du cancer du poumon.

En quoi cette recherche est-elle émergente et à risque ? 

Mon équipe au sein du laboratoire Chimie et modélisation pour la biologie du cancer (CNRS/INSERM/Institut Curie/Université Paris-Saclay) focalise ses recherches sur des structures particulières et atypiques d'ADN et d'ARN appelées G-quadruplexes (G4). Nous disposons d'une expertise reconnue pour les caractériser grâce à des méthodes innovantes et éprouvées, ainsi que pour concevoir de petites molécules capables de les cibler de manière sélective. Cependant, d'autres structures importantes, formées par les ARN non codants, jouent également un rôle clé dans leurs fonctions biologiques. À ce jour, peu de groupes de recherche se sont penchés sur leur caractérisation structurelle, laissant ce domaine encore largement inexploré. Mon équipe souhaite aller plus loin en identifiant les structures de trois snoARN impliqués dans le cancer, afin de repérer d’éventuels éléments structuraux spécifiques qui pourraient être ciblés par de petites molécules.

Quelles pourraient-en être les principales retombées ?

L’objectif à long terme du projet ARNcode est de développer une expertise approfondie pour identifier les éléments structuraux 3D spécifiques des ARN non codants associés au développement du cancer, afin de les cibler avec des composés hautement sélectifs. Cette approche pourrait ouvrir la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques, en explorant le potentiel des ARN comme cibles dans le traitement du cancer. Sur le plan personnel, le soutien de CNRS Chimie pour ce projet représente une opportunité précieuse d’enrichir et consolider les axes de recherche de mon équipe récemment créée au sein de l’Institut Curie.

Rédacteur : AVR