Cindy PatinoteEnseignante-chercheuse à l’Institut des biomolécules Max Mousseron (CNRS/ENSC Montpellier/Université de Montpellier)
Avec son projet NEED, Cindy Patinote, enseignante-chercheuse à l’Institut des biomolécules Max Mousseron, est lauréate de l’appel à projet Emergence@INC2025. Par cet appel, CNRS Chimie accompagne des chargés de recherche ou maîtres de conférence recrutés depuis 4 à 10 ans en finançant un projet novateur et en encourageant la prise de risque.
Votre projet NEED vise à mettre au point des nanovecteurs pour transporter des principes actifs capables de soigner certaines maladies lysosomales. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Depuis de nombreuses années, notre équipe à l’Institut des biomolécules Max Mousseron (CNRS/ENSC Montpellier/Université de Montpellier) développe un axe de recherche dédié aux maladies rares, et tout particulièrement aux maladies lysosomales. Ce groupe de maladies génétiques rares résulte d'un dysfonctionnement des lysosomes, structures cellulaires responsables de la dégradation et du recyclage des substances dans la cellule. Sur plus d’une cinquantaine de maladies lysosomales répertoriées, seulement huit bénéficient d’un traitement. Ce sont des maladies pour la plupart orphelines et il nous parait important que la recherche académique propose des innovations capables d’améliorer la santé de patients en attente de traitement. Le projet NEED s’inscrit dans cette démarche. Notre objectif est d’utiliser des nanovecteurs capables de protéger les enzymes médicaments jusqu’à leur délivrance dans les cellules des organes touchés par la maladie. Une fois l’enzyme livrée dans les cellules, elle assurera la dégradation de la molécule substrat dont l’accumulation cellulaire est responsable de la pathologie.
En quoi cette recherche est-elle émergente et à risque ?
Mes activités de recherche actuelles sont centrées sur la mise au point d’agents thérapeutiques innovants ainsi que leur association à des systèmes de transport intelligent afin de les protéger de toute dégradation préliminaire, diminuer leur toxicité et réduire leurs effets secondaires. Le projet NEED, qui appartient à cet axe de recherche, est totalement émergent car peu d’études ont été menées sur le transport d’enzymes lysosomales par des nanovecteurs. Tout est à développer, les systèmes de transport, les études de stabilité des enzymes dans les transporteurs mais aussi la manière dont la libération de l’enzyme et son activation dans la cellule va se faire. Les risques sont nombreux car il s’agit d’un projet multidisciplinaire, mais nous sommes confiants car nous disposons des compétences et des ressources humaines pour trouver des solutions à chaque difficulté rencontrée.
Quelles pourraient-en être les principales retombées ?
Notre principal souhait serait que les résultats obtenus permettent à terme de proposer des traitements efficaces pour des maladies non prises en charge et pour lesquelles le besoin thérapeutique est criant. Nous espérons également que nos travaux pourront inspirer des équipes de recherche ou des industriels. NEED, avec le soutien de CNRS Chimie, apportera les premiers résultats qui me permettront par la suite de développer d’autres projets innovants au niveau national et européen pour élargir le champ des possibles du traitement des maladies lysosomales. Plus personnellement, ce projet contribuera à renforcer mon profil de chercheuse afin d’obtenir le dernier diplôme universitaire, l’habilitation à diriger des recherches, qui me permettra de candidater à des postes de Professeure des Universités.
Rédacteur : AVR