© David Villa

Christelle HureauChercheuse au Laboratoire de chimie de coordination (CNRS)

Médaille d’argent du CNRS

Au Laboratoire de chimie de coordination (CNRS) à Toulouse, l’équipe de Christelle Hureau cherche à comprendre le rôle des ions métalliques dans le vivant. Elle étudie en particulier les complexes que forment les ions de cuivre et de zinc avec les peptides amyloïdes responsables de la formation d’agrégats dans le cerveau associés aux maladies neurodégénératives comme Alzheimer.

Selon une hypothèse communément admise, la maladie d’Alzheimer serait causée par la formation de plaques amyloïdes, une accumulation extracellulaire au sein du cortex cérébral d’un peptide nommé amyloïde-ß. Cette accumulation, qui conduit à la mort neuronale, semble liée à un changement des propriétés d’agrégation du peptide dû à des interactions avec des ions métalliques et à l’induction de stress oxydant par les complexes au cuivre. Christelle Hureau explore cette hypothèse et porte son regard à l’échelle moléculaire. Son objectif :  élucider les mécanismes moléculaires de toxicité mis en jeu pour définir de nouvelles lignes thérapeutiques.

C’est au cours de ses études doctorales où elle étudie le rôle du manganèse dans l’oxydation de l’eau au cours de la photosynthèse que Christelle Hureau développe son expertise en chimie bio-inorganique. Recrutée par le CNRS en 2007 au Laboratoire de chimie de coordination, elle commence à travailler sur la maladie d’Alzheimer. Elle y développe, avec son équipe, un axe de recherche original sur la coordination d'ions métalliques de cuivre et de zinc aux peptides amyloïdes-β (Aβ) impliqués dans la maladie d'Alzheimer et sur les processus moléculaires délétères qui en découlent. Rapidement, elle devient un des leaders dans le domaine en démontrant l’importance des interactions ions – peptides amyloïdes-ß et leurs rôles dans les mécanismes moléculaires mis en jeu dans la maladie d’Alzheimer.

Elle s’oriente ensuite vers la synthèse de molécules susceptibles de « capter » les ions cuivre et de prévenir ainsi la formation des plaques et le stress oxydant. Des études fondamentales qui inspirent maintenant des recherches similaires menées dans des groupes qui travaillent sur d’autres peptides. Dans le but d’explorer de nouvelles lignes thérapeutiques, son équipe se tourne à présent vers la conception et l'évaluation de modulateurs inorganiques de l'auto-assemblage peptidique menant aux plaques amyloïdes.

Cette approche originale met en jeu de nombreuses spectroscopies de pointe, à l’interface avec la biophysique, et pourrait permettre d’élaborer de nouvelles stratégies thérapeutiques pour traiter ou prévenir la maladie d’Alzheimer. D’autres maladies neurodégénératives ou métaboliques comme celle de Parkinson ou le diabète dans lesquelles des ions métalliques et de l’auto-assemblage peptidique sont également impliqués pourront bénéficier de ces avancées.

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