Alexander KuhnÉlectrochimie
Professeur des universités à l’École nationale supérieure de matériaux, d’agroalimentaire et de chimie et membre de l’Institut des sciences moléculaires1
, il conçoit notamment des systèmes (bio)électrochimiques aux propriétés nouvelles.
En jouant avec la synergie entre chimie, physique et un peu de biologie, Alexander Kuhn façonne depuis l’obtention de son doctorat, en 1994 au Centre de recherche Paul Pascal2
, des systèmes électrochimiques aux propriétés surprenantes, voire inédites. Il a par exemple amélioré et étendu la synthèse d’objets Janus, dont la surface comporte au moins deux propriétés physico-chimiques différentes, qui ont ensuite servi à des applications allant de la chimie analytique à la catalyse, en passant par le déplacement contrôlé d’objets. Il a ainsi permis à des feuilles de polymères de se mouvoir, constituant des flotteurs capables de détecter la chiralité de molécules en solution. Alexander Kuhn a aussi développé la première surface métallique nanostructurée favorisant, jusqu’à 98 %, la production d’un énantiomère lors d’une synthèse organique. Ces résultats sont d’un grand intérêt par exemple pour l’industrie pharmaceutique, toujours en quête de nouvelles solutions pour discriminer des molécules chirales.
En 2024, il reçoit une bourse ERC Proof of Concept pour son projet AMEN - Advanced Molecular ENantiodiscrimination
Le projet AMEN fait suite à sa première bourse ERC Advanced, obtenue en 2017 pour son projet ELECTRA - Electrochemically induced Asymmetry: from materials to molecules and back. Il s'attaque à l'énantiodiscrimination, un des défis majeurs de la chimie contemporaine. Il s’agit de distinguer deux molécules qui se comportent comme des images miroirs non-superposables (énantiomères d’une molécule chirale). En effet, les molécules chirales existent sous deux formes, qui induisent des effets différents dans les systèmes biologiques. Si de mauvais énantiomères sont présents dans les produits pharmaceutiques, leurs effets peuvent être toxiques, voire mortels, comme l'a illustré le scandale autour de l'utilisation de mélanges racémiques de thalidomide dans les années 1960. Les projets ELECTRA, et maintenant AMEN, ont pour but de développer de nouvelles approches pour synthétiser les
énantiomères uniques au lieu de mélanges racémiques.