Marcin Suskiewicz, lauréat d’un financement du Human Frontier Science Program

Distinctions

Marcin Suskiewicz, chercheur CNRS au Centre de biophysique moléculaire, a obtenu un financement du Human Frontier Science Program, un prestigieux organisme international. De quoi poursuivre ses travaux sur les facteurs de transcription, un mécanisme de régulation cellulaire fondamental mais encore incomplètement compris.

Le parcours de Marcin Suskiewicz est résolument international. « Né en Pologne, j’ai ensuite fait mes études au Royaume-Uni, mon doctorat en Autriche et mon postdoctorat de retour au Royaume-Uni », énumère le chercheur. « Je suis finalement arrivé en France il y a trois ans et demi comme chargé de recherche au CNRS, au sein du Centre de biophysique moléculaire à Orléans. » Spécialiste de biologie structurale, il travaille en particulier sur la modification post-traductionnelle des protéines.

La traduction de l’information contenue dans les gènes passe par des protéines appelées facteurs de transcription, qui constituent la base de la vie cellulaire. Ces protéines peuvent être modifiées a posteriori pour adopter de nouvelles propriétés. En d’autres termes, la modification post-traductionnelle des protéines est un mécanisme naturel de régulation de la cellule, mais qui suscite encore de nombreuses questions chez les chercheurs.

Marcin Suskiewicz s’intéresse au fonctionnement des facteurs de transcription. On a longtemps pensé que ces derniers agissaient seuls ou par paires. Cependant, des travaux récents ont mis en évidence le fait que de nombreux facteurs de transcription s’associaient pour former des assemblages. Une caractéristique que le chercheur orléanais a pu confirmer dans le cadre de son projet SUMOwriteNread, financé par une bourse ERC Starting en 2022. « Nous avons découvert qu’une famille de facteurs de transcription, les ZBTB, avait tendance à former des filaments, c’est-à-dire des chaînes avec plusieurs copies de la même protéine », explique Marcin Suskiewicz.

Il souhaite vérifier cette observation avec un nouveau projet international, cette fois dans le cadre du Human Frontier Science Program (voir encadré). Il existe plus de 1 600 facteurs de transcription chez l’être humain, qui sont regroupés dans plusieurs familles différentes. L’objectif est de vérifier si ce phénomène de filamentation, observé dans la famille ZBTB, est en réalité plus fréquent. Ces travaux permettraient, à terme, de répondre à une question de recherche fondamentale : « Les facteurs de transcription agissent-ils en loup solitaire, ou bien en meute ? »

Marcin Suskiewicz s’est associé à Max Staller, chercheur à l’Université de Californie à Berkeley et spécialiste des facteurs de transcription, et à Antoni Wrobel, chercheur à l’Université d’Oxford et fin connaisseur des filaments produits par les protéines de certains virus. Leurs trois équipes ont obtenu un financement de 1,2 million de dollars sur trois ans par le biais du Human Frontier Science Program, qui leur permettra de recruter des étudiants ou des postdoctorants, d’acheter du matériel ou encore de se déplacer entre l’Europe et les Etats-Unis. Une des conditions du programme est en effet d’initier des collaborations intercontinentales. Le projet fait partie des 42 projets sélectionnés dans le monde, parmi 780 candidatures initiales.

« J’encourage fortement mes collègues à postuler à ce programme, dont les bourses de recherche ne sont pas forcément très connues », s’enthousiasme Marcin Suskiewicz. « La candidature est légère, avec un dossier de seulement quelques pages au premier stade. C’est une solution de financement très utile quand on fait de la recherche fondamentale en sciences de la vie. » Son projet doit commencer au 1er septembre 2025.

Rédacteur : CD

Le Human Frontier Science Program

Le Human Frontier Science Program, créé en 1989, vise à développer des collaborations internationales en recherche fondamentale dans le domaine des sciences de la vie. Le programme propose des bourses postdoctorales ainsi que des financements pour les jeunes chercheurs et les chercheurs confirmés. Quarante pays, dont la France, contribuent à son fonctionnement. Pour plus d’informations : https://www.hfsp.org/ 

Image confocale d'un noyau cellulaire avec des foyers de facteurs de transcription en rouge. A droite, une illustration schématique d'un filament de facteurs de transcription interagissant avec l'ADN © Sébastien Huet, IGDR Rennes (cellule) / Creative Commons CC0 1.0/PantheraLeo1359531 (hélice)

Contact

Marcin Suskiewicz
Chercheur au Centre de biophysique moléculaire (CNRS)
Communication CNRS Chimie