© Giulia Veronesi

Giulia VeronesiChercheuse au Laboratoire de chimie et biologie des métaux (Université Grenoble Alpes/CNRS/CEA)

Emergence@INC

Avec son projet ACACIa, Giulia Veronesi, chercheuse au Laboratoire de chimie et biologie des métaux, est lauréate de l’appel à projet Emergence@INC2025. Par cet appel, CNRS Chimie accompagne des chargés de recherche ou maîtres de conférence recrutés depuis 4 à 10 ans en finançant un projet novateur et en encourageant la prise de risque.

Votre projet ACACIa vise à élucider l’action anticancéreuse d’une nouvelle famille de complexes du cuivre. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Il s’agit d’un projet fortement interdisciplinaire, qui implique plusieurs acteurs aux niveaux local et international. Nous nous intéressons à des molécules capables de lier et transporter les ions de cuivre qui se trouvent à l’intérieur des cellules. Ces molécules, appelées ionophores (porteurs d’ions), sont conçues et synthétisées par des collègues chimistes de l’Université Libre de Bruxelles. Au Laboratoire de chimie et biologie des métaux (CNRS/CEA/Université Grenoble Alpes), nous avons démontré que ces ionophores sont capables de tuer certaines cellules cancéreuses. Le projet ACACIa vise à décortiquer leur mécanisme d’action. En suivant le cuivre dans les cellules cancéreuses traitées, nous espérons comprendre comment la distribution et la chimie du cuivre sont perturbées par les ionophores. Nous utiliserons pour cela des techniques synchrotron telles que l’imagerie par fluorescence des rayons X et la spectroscopie d’absorption de rayons X.

En quoi cette recherche est-elle émergente et à risque ? 

Que le cuivre soit impliqué dans le développement du cancer est un fait connu depuis plusieurs dizaines d’années. L’exploration de stratégies thérapeutiques qui ciblent ce métal est cependant un domaine de recherche en pleine émergence. Nous sommes loin d’avoir une compréhension globale des mécanismes qui gouvernent ces phénomènes. Le projet ACACIa vise à apporter de nouveaux éléments qui contribueront au design de ces thérapies émergentes. Pour ce faire, nous allons chercher à comprendre comment le cuivre est réparti dans les cellules cancéreuses et sous quelle forme. Le défi technologique de ce projet réside dans la très faible concentration intracellulaire du cuivre qui rend ce métal non détectable par des techniques de laboratoire classiques. Il est donc essentiel de se tourner vers des techniques synchrotron plus sensibles.        

Quelles pourraient-en être les principales retombées ?

Il s’agit d’une recherche fondamentale aux importantes retombées possibles en médecine et en pharmacologie. Les résultats obtenus dans le cadre du projet ACACIa pourraient servir d’appui pour le développement de nouvelles molécules anticancéreuses. Ces molécules, si elles sont livrées de façon sélective aux cellules cancéreuses dans un organisme, pourraient donner lieu à de nouvelles thérapies, ou être associées à des thérapies existantes pour en augmenter l’efficacité. Cela souligne l’importance de faire partie d’un consortium interdisciplinaire, pour aller le plus loin possible dans le développement des applications.

Rédacteur : AVR