Camille LescotChercheuse au Laboratoire d’activation moléculaire du Collège de France
Avec son projet GenEthylFlow, Camille Lescot, chercheuse au Laboratoire d’activation moléculaire du Collège de France, est lauréate de l’appel à projet Emergence@INC2025. Par cet appel, CNRS Chimie accompagne des chargés de recherche ou maîtres de conférence recrutés depuis 4 à 10 ans en finançant un projet novateur et en encourageant la prise de risque.
Votre projet GenEthylFlow vise à mettre au point des procédés de chimie en flux pour produire et/ou valoriser l’éthylène, une petite molécule organique utile à de nombreuses réactions. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Le projet GenEthylFlow a deux objectifs principaux : d'une part, générer l'éthylène de manière sûre et contrôlée directement en laboratoire, sans avoir recours aux bouteilles sous pression. Cette approche sécurise les manipulations et simplifie la gestion du gaz. D'autre part, il vise à développer une nouvelle chimie de l'éthylène, en exploitant des voies d'activation innovantes comme la catalyse et la photochimie. En activant l'éthylène de manière plus spécifique, ces techniques ouvrent de nouvelles possibilités pour des réactions chimiques plus efficaces, sélectives et adaptées à des conditions douces.
En quoi cette recherche est-elle émergente et à risque ?
Il n’existe que très peu de publications traitant de la génération chimique d’éthylène, et aucune en flux continu. Il s’agit donc d’un terrain qui reste à explorer, ce qui par essence en fait un sujet émergent comportant des risques. La principale difficulté de ce projet réside dans la séparation du gaz et du liquide entre la génération de l’éthylène et son utilisation en phase liquide. Mes précédentes recherches se sont concentrées sur l’utilisation de CO2 et CO en flux continu, ainsi que sur le recyclage de catalyseurs métalliques précieux. La chimie de l’éthylène représente donc un sujet original pour mon équipe.
Quelles pourraient-en être les principales retombées ?
Ces recherches contribueraient à mieux comprendre la réactivité de l’éthylène, tout en facilitant et sécurisant son utilisation en laboratoire. Ces avancées pourraient notamment bénéficier à l’industrie des polymères, qui emploie l’éthylène comme brique moléculaire de base, en ouvrant la voie à des procédés de synthèse plus respectueux de l’environnement. Par ailleurs, explorer une thématique de recherche encore peu développée en France et à l’international me permettrait de renforcer ma visibilité au sein de la communauté des chimistes organiciens.
Rédacteur : AVR