CNRS Chimie accueille Daniel R. Talham en tant qu'Ambassadeur des Sciences Chimiques
Le 7 juin 2024, Daniel R. Talham, Professeur au département de chimie de l'Université de Floride, débutera une série de conférences dans plusieurs laboratoires du CNRS en tant qu'Ambassadeur des Sciences Chimiques en France. Ses activités de recherche naviguent entre nanostructures, surfaces, interfaces et magnétisme pour mettre au point des nouveaux matériaux pour le traitement de l'information, le stockage de l'énergie, les biocapteurs... Il nous plonge dans l’univers des matériaux hybrides fonctionnels.
Qu'est-ce qui vous a conduit vers la chimie des matériaux et les matériaux hybrides fonctionnels ?
Mon premier contact avec la recherche, en tant qu'étudiant à la fin des années 1970, s'est fait dans un laboratoire de chimie travaillant sur les solides organiques conducteurs et supraconducteurs. Ce laboratoire entretenait des liens étroits avec la physique expérimentale et théorique, une approche interdisciplinaire peu courante à l'époque. Depuis, j'ai toujours apprécié travailler avec des collègues physiciens et ingénieurs. La chimie des matériaux m'a permis de rester dans cet environnement, en utilisant la physique et la science des matériaux comme moteurs pour de nouvelles conceptions chimiques.
Quels développement attendez-vous dans les cinq à dix années à venir pour les matériaux hybrides fonctionnels ?
Lorsqu'on parle de matériaux hybrides, l’électronique et le stockage de l’information viennent en premier à l'esprit. Il suffit d’ailleurs de regarder le nombre de groupes de recherche qui travaillent sur ces thématiques. D'autres perspectives moins mises en avant attendent néanmoins ces matériaux. L'une d'elles est l'actionnement sans fil, en provoquant par exemple un mouvement grâce à la lumière. Les applications possibles de tels systèmes vont des moteurs nanométriques à l’électronique classique. Les matériaux hybrides qui combinent optoélectronique et mouvement joueront ici un rôle clé. Un autre domaine passionnant est l’utilisation de l'imagerie par résonance magnétique (IRM) non pas pour imager les tissus, mais des processus physiologiques. De nouveaux agents de contraste sont nécessaires pour ces applications et je pense que les systèmes hybrides, dans ce cas des nanoparticules mixtes organiques/inorganiques, pourront offrir une solution.
En tant qu'Ambassadeur des Sciences Chimiques, qu’attendez-vous de cette tournée de conférences dans les laboratoires français ?
Le CNRS a une longue tradition d'accueil des scientifiques étrangers. J'ai eu la chance, lors de ma formation, de bénéficier de ces programmes. Pendant mon postdoctorat en Angleterre, j'ai eu l'opportunité de passer trois mois à Orsay, au Laboratoire de physique des solides, “Bâtiment 510”. J'étais dans un groupe de chimie, encore une fois une collaboration entre chimistes et physiciens. J'y suis finalement resté trois mois supplémentaires. Ce fut mon introduction à la communauté scientifique française, et les connexions établies ont influencé la suite de ma carrière. J'ai développé de nombreuses collaborations avec des groupes français avec qui j’échange régulièrement des étudiants. J'attends avec impatience ce voyage pour retrouver de vieux amis et, espérons-le, faire de nouvelles rencontres.
Rédacteur : AVR