Didier Bourissou
Le projet Gold Redox vise à étendre la chimie de l’or en développant des ligands originaux. Proposé par Didier Bourissou, il est l’un des lauréats de la bourse AdG de l’ERC.
Contrairement aux alchimistes, les chimistes modernes n’ont jamais été trop attirés par l’or. En effet, ils voyaient mal comment cet élément plutôt inerte pourrait s’associer à d’autres molécules et produire une chimie originale. Ceci est en train de changer. L’or connaît un regain d’intérêt comme le démontre la bourse ERC attribuée à Didier Bourissou, 50 ans, directeur de recherche au Laboratoire hétérochimie fondamentale et appliquée (LHFA). Son projet vise à « accéder à des réactivités différentes de l’or et montrer qu’il peut produire et accélérer certaines transformations inaccessibles aux autres éléments. Nous allons ainsi développer des ligands nous permettant d’explorer des degrés d’oxydation rares, voire inédits de l’or », explique le chercheur. Cette recherche fondamentale pourrait être à l’origine, entre autres, d’une nouvelle chimie douce, rendant possibles des réactions difficiles à réaliser actuellement.
Scientifique de vocation, c’est à l’École Normale Supérieure que Didier Bourissou se passionne pour la chimie, véritable science de la création. « C’était comme un coup de cœur. La chimie permet de préparer des molécules et matériaux inédits et de leur donner des propriétés nouvelles. » Après un doctorat à l’Université de Toulouse, Didier Bourissou réalise son service militaire en 1997 en tant que Scientifique du Contingent à l’école polytechnique et depuis 2000, il enseigne à l’X. Entré au CNRS en 1998, son parcours scientifique se déroule au LHFA, unité qu’il dirige entre 2011 et 2020.
Deux axes de recherche illustrent la carrière Didier Bourissou. Le premier consiste à étendre et exploiter l’éventail de comportements et de réactivités des métaux de transition. Ces éléments se caractérisent par des propriétés très riches, notamment lorsqu’ils se présentent sous forme de complexes. Le chercheur développe des ligands originaux qui, en s’associant à ces atomes métalliques leur confèrent de nouvelles réactivités et trouvent de nombreuses applications en catalyse. Didier Bourissou et son équipe étudient et développent plus particulièrement la chimie de l’or et du palladium.
L’autre axe de recherche porte sur les polymères biodégradables. De la conception de nouveaux monomères aux développements de systèmes catalytiques, le travail de Didier Bourissou vise à accéder à des matériaux biodégradables « sur mesure » pour des applications en pharmacologie et en nanolitographie. En collaboration avec des entreprises pharmaceutiques, son équipe crée et étudie des polymères qui, en se dégradant lentement dans le corps humain, peuvent libérer une substance active sur des périodes allant de quelques jours à quelques mois. Ces polymères peuvent notamment être utilisés pour délivrer des médicaments contre le cancer.
Pour le chercheur, médaillé d’argent en 2016, cette double activité de recherche fondamentale et appliquée, constitue une richesse. « Ce qui m’a attiré vers la recherche c’est cette liberté pour définir des thématiques, les orienter et les développer. » La bourse ERC lui permettra de suivre cette lignée. « Sans ces financements sur le long terme, impossible de se lancer dans des projets aussi exploratoires. Cette bourse est aussi une reconnaissance des travaux de l’équipe et elle renforce sa visibilité au niveau international. »
Didier Bourissou
Chercheur au Laboratoire hétérochimie fondamentale et appliquée de Toulouse (LHFA, CNRS/Université Paul Sabatier-Toulouse III)