L’Institut de chimie du CNRS accueille Laura Kiessling en tant qu’Ambassadrice des sciences chimiques en France
A partir du 18 avril, Laura Kiessling, Professeur Novartis de chimie au MIT (Massachusetts Institute of Technology), démarrera une tournée de 7 conférences dans plusieurs laboratoires du CNRS en tant qu’Ambassadrice des sciences chimiques en France. Les recherches du Professeur Kiessling se concentrent sur les glycosciences et, plus particulièrement, la compréhension et l’utilisation des interactions entre protéines et glucides à la surface des cellules comme moyen pour élucider certains processus biologiques ou mettre au point de nouvelles thérapies. Elle nous dévoile tous les mystères de cette science à l’interface entre chimie et biologie.
Quand on entend « glucides », on pense directement au sucre… pourquoi chimistes et biologistes s’intéressent-ils tant à cette classe de molécules organiques?
On a souvent tendance à penser que les glucides sont uniquement une source d’énergie. Mais les sucres forment en fait une classe de molécules organiques essentielle à toutes les cellules sur Terre. Toute surface cellulaire en est en effet recouverte. Nous étudions comment les cellules les fabriquent et à quoi ils servent. Par exemple, on sait aujourd’hui que cette couche de glucides est vitale pour les bactéries, et nous cherchons à comprendre comment elle est construite et comment on peut l’utiliser comme cible pour développer les futures générations de molécules thérapeutiques antimicrobiennes. Nous pensons aussi que cette couche pourrait servir à contrôler notre microbiome.
Plus particulièrement, notre équipe cherche à comprendre et exploiter les interactions entre glucides et protéines à la surface des cellules. La nature des glucides de surface peut en effet servir de véritable carte d’identité cellulaire reconnaissable par les protéines. Les interactions multiples protéines-glucides forment un puissant vecteur de reconnaissance cellulaire que l’on peut exploiter pour contrôler l’immunité, pour les maladies infectieuses et le cancer par exemple.
Quelles avancées et développements majeurs peut-on attendre des glycosciences pour les années à venir ?
Comprendre comment les protéines « lisent » la couche de glucides de surface des cellules est un défi passionnant qui peut nous apprendre à contrôler la réponse immunitaire des cellules face à d’autres cellules ou microorganismes étrangers. Au-delà des mécanismes de reconnaissance, je suis aussi très intéressée par la prospective des liens entre programmes d’expression génique et glucides de surface. Enfin, des nouvelles stratégies de séquençage, synthèse et caractérisation des glucides les plus importants vont forcément voir le jour et ne seront possibles que grâce à des approches interdisciplinaires à la frontière entre chimie et biologie.
En tant qu’Ambassadrice des sciences chimiques en France, avez-vous des attentes particulières de cette tournée à venir ?
Je me réjouis tout particulièrement des échanges que cette tournée va permettre avec les chercheurs français du domaine des glycosciences. Mais je ne serais pas tout à fait honnête si je n’admettais pas que la perspective de voyager à travers la France et profiter de sa gastronomie ne me motivent pas également.