Bich-Thuy Doan : "Évaluer les outils nanotechnologiques avant leur utilisation en bioimagerie, c’est ma partie !"

Aujourd’hui chercheuse au laboratoire Institute of Chemistry for Life and Health Sciences [1], Bich-Thuy Doan est ingénieure de Chimie ParisTech, formée à la biologie et à ses applications dans l’ingénierie RMN [2]. Retour sur son parcours à l’occasion de la sortie du livre Étonnante chimie, auquel elle a contribué avec un chapitre sur les agents intelligents pour l'imagerie.

Hasard d’une longue carrière, le laboratoire de recherche (Chimie ParisTech – PSL / CNRS) où travaille aujourd’hui Bich-Thuy Doan, se trouve adossé à l’École nationale supérieure de chimie de Paris au sein de l’Université PSL, cette même école dont elle est diplômée et où elle enseigne également.

Ses travaux de recherche visent à développer des méthodologies d’imagerie médicale soit SRM [3] ou IRM pour des applications en biologie, visant la thérapie et la nanomédecine contre le cancer et les maladies inflammatoires.

C’est avec une voix claire, un débit rapide et assuré que Bich-Thuy Doan parle de son métier. « Evaluer les outils nanotechnologiques avant leur utilisation en médecine c’est ma partie ! De même que vérifier leurs effets thérapeutiques. »

Bich-Thuy Doan et Eva Jakab-Toth, présentent dans Étonnante chimie un article sur les agents intelligents pour l’imagerie [4]. Ils constituent une avancée notoire pour la médecine car ces produits (agents de contraste) sur lesquels elles ont travaillé améliorent de manière conséquente la sensibilité en imagerie médicale et donc les diagnostics.

Ces deux scientifiques se sont rencontrées, quelques années auparavant au CNRS à Orléans, où Eva Jakab-Toth venait d’être nommée directrice du Centre de biophysique moléculaire. Bich-Thuy Doan était alors chercheuse dans une autre unité mais leurs activités, complémentaires, se sont croisées. L’une développait des agents d’imagerie et l’autre était responsable scientifique d’une équipe d’IRM. Depuis, en dépit de parcours professionnels distincts, leur amitié les a poussées à saisir toute occasion de travailler ensemble.

Il y vingt ans, l’imagerie était encore un domaine de niche dans la recherche, se souvient Bich-Thuy Doan. Elle choisit pourtant de s’engouffrer avec une véritable appétence pour les méthodes analytiques et biologiques dans la RMN. Il se trouve que l’imagerie est un domaine particulièrement transdisciplinaire. « Faire de la recherche d’envergure ce n’est pas rester toute seule sur son coin de paillasse, surtout si l’on a des projets en santé publique. » Affirme Bich-Thuy Doan.

Son activité de recherche constitue une passerelle : la méthode évaluative est à la croisée de la biomédecine, la chimie, la physico-chimie et la nanotechnologie. Ce rôle clé a orienté toute la carrière de la scientifique sur le domaine biomédical.

Pour Bich-Thuy Doan, faire connaître et donner de l’information sur les sciences à un large public est essentiel et elle déplore comme l’ensemble de la communauté scientifique « l’avant Covid 19 » qui impacte aujourd’hui les différents projets de sensibilisation et les enseignements. la crise sanitaire.

« Avant, en plus de nos étudiants de masters, thèse ou postdoctorants, nous accueillions des petits collégiens dans nos laboratoires. Ces plages de vulgarisation permettent de susciter des vocations très tôt. » s’enthousiasme-t-elle. « Communiquer notre passion et attirer les jeunes dans nos filières comme d’autres l’ont fait pour moi lorsque j’étais enfant est nécessaire. »

En vingt-cinq ans de carrière, Bich-Thuy Doan a toujours agi pour encourager des vocations pour les matières très exigeantes que sont la physique et la chimie. « Il y a encore du travail pour susciter l’esprit de curiosité des jeunes et encourager encore un peu plus les filles vers les domaines technologiques de la biochimie et de l’ingénierie. »

Par Zahra Muyal

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