Un prix pour les projets coordonnés par Deborah Jones dans le domaine des piles à combustible
Capables de produire de l’électricité à partir d’hydrogène, les piles à combustible connaissaient un fort engouement pour alimenter le secteur du transport, en particulier pour propulser des voitures. Deborah Jones, directrice de recherche à l’ICGM (CNRS/Université de Montpellier/ENSC Montpellier), s’efforce d’améliorer ces technologies et d’en réduire les coûts, souvent prohibitifs. Trois de ses projets ont obtenu le prix de la success-story par le FCH JU, un partenariat public-privé qui promeut la recherche européenne sur les piles à combustible.
Grande messe des piles à combustible, le colloque du FCH JU[1] a remis* le prix de la meilleure success-story à trois projets de Deborah Jones, directrice de recherche CNRS et directrice adjointe de l’Institut de chimie moléculaire et des matériaux — Institut Charles Gerhardt Montpellier (ICGM, CNRS/Université de Montpellier/ENSC Montpellier). Le FCH JU rassemble la Commission européenne, les industriels grâce au consortium Hydrogen Europe et la communauté de scientifiques sous l’égide de l’Hydrogen Europe Research. Au centre de ces travaux, une pile à combustible produit de l’énergie grâce à des cycles d’oxydation et de réduction sur ses électrodes. C’est par exemple ainsi que l’on obtient de l’électricité à partir d’hydrogène. Deborah Jones étudie et perfectionne en particulier la membrane qui sépare les deux électrodes, afin de rendre ces technologies moins chères et plus compétitives pour le secteur de l’automobile. Signe de son implication et de son activité, trois des projets de cette scientifique, coauteure de plus de deux cents publications, ont été récompensés : VOLUMETRIQ, GAIA et CRESCENDO.
« Je coordonne des projets depuis plus de dix ans, explique Deborah Jones, des partenariats entre industriels et universitaires afin de développer des stratégies de recherche. C’est un travail en commun qui rassemble différentes équipes très motivées pour adapter les technologies de l’hydrogène à la filière des transports, y compris pour une mobilité lourde comme les camions, les avions ou les trains. »
VOLUMETRIQ a rassemblé différents partenaires européens afin d’optimiser la durabilité des électrodes et des membranes. Ces dernières sont en effet particulièrement sensibles à l’enchaînement des cycles d’oxydoréduction, leur rétractation et leur rupture représentent les premières causes de défaillances des piles à combustible. Le but étant d’obtenir des systèmes assez robustes pour alimenter des voitures, en particulier de chez BMW et Daimler.
GAIA cherche de son côté à augmenter la densité de puissance des piles à combustible, afin d’en réduire le volume ou la masse sans perdre en performances. Le projet s’attache également à diminuer la quantité de platine utilisée dans les piles à combustible, qui est d’environ cent milligrammes par kilowatt produit. Dans la même lignée, CRESCENDO vise à remplacer entièrement ce métal aussi rare que cher. Le fer, deux cents fois moins coûteux, serait pour cela un bon candidat.
« Dès l’école, la chimie a été ma passion, affirme Deborah Jones. Je m’intéressais aux molécules et aux médicaments, puis j’ai découvert que la chimie intervenait aussi dans les matériaux et leurs applications, comme l’énergie. » Après une thèse à Londres sur les liaisons hydrogène, elle obtient une bourse en 1981 pour effectuer ses recherches en France. Un succès puisque la scientifique est ensuite recrutée par le CNRS, puis régulièrement récompensée par des prix et des postes dans des comités de recherche liés à ces technologies d’avenir.
« La transition énergétique et la décarbonation profonde des transports ne sont pas des options, mais des nécessités, insiste Déborah Jones. Ces secteurs ont besoin de tous les talents pour y arriver. Comme dans tant d'autres domaines scientifiques, les femmes sont sous-représentées dans la filière hydrogène. Je les encourage à s'y consacrer davantage, l'hydrogène sera ainsi encore plus au cœur de la transition énergétique. »
Martin Koppe
[1] Fuel cells and hydrogen joint undertaking, projet commun sur les piles à combustible et l’hydrogène.