Une molécule prometteuse pour traiter le lupus

Résultats scientifiques Vivant et santé Molécules

Le lupus, une maladie auto-immune, est induit en partie par des protéines, les interférons, qui sont produites par le système immunitaire de façon aberrante. Des scientifiques du Laboratoire de chimie et biochimie pharmacologiques et toxicologiques (CNRS/Université Paris Descartes) et de l’Université de Ulm en Allemagne ont identifié une molécule capable d’inhiber les interférons et ainsi de contrôler la progression de la maladie. Ces résultats sont publiés dans la revue Science Advances.

 

À l'heure actuelle, il n'existe aucun traitement satisfaisant pour les patients atteints de lupus1 . Cette maladie auto-immune touche au moins 5 millions de personnes dans le monde, principalement des femmes, et peut affecter plusieurs organes (articulations, peau, reins, cœur, etc.) avec des symptômes variés. Elle se caractérise par une activation chronique des cellules immunitaires conduisant à une production aberrante d'interférons. Ces derniers sont des protéines extrêmement puissantes et indispensables pour lutter contre les tumeurs, les virus ou les bactéries, mais elles peuvent déclencher des maladies auto-immunes2 , comme le lupus, lorsqu’elles sont produites chroniquement. Une équipe internationale, dirigée par des scientifiques du Laboratoire de chimie et biochimie pharmacologiques et toxicologiques (CNRS/Université Paris Descartes), a identifié une petite molécule chimique très puissante capable d’inhiber la production d’interférons et donc l’inflammation.

Les scientifiques ont d’abord identifié une protéine présente à la surface des cellules immunitaires, appelée CXCR4, qui, en présence de ligands naturels, régule la production d'interférons3 en présence de virus. Ils ont par la suite identifié IT1t, une petite molécule qui cible efficacement CXCR4. La preuve de concept validée in vitro avec des effets spectaculaires, le médicament IT1t a été testé in vivo dans un modèle de lupus chez la souris : l'inflammation systémique et la progression de la maladie ont été considérablement réduites. La molécule s’est aussi avérée efficace sur des cellules de patients atteints de lupus, confirmant ainsi l’immense potentiel de cette nouvelle option thérapeutique dans le traitement de cette maladie.

Référence

Nikaïa Smith, Mathieu P. Rodero, Nassima Bekaddour, Vincent Bondet, Yasser B. Ruiz-Blanco, Mirja Harms, Benjamin Mayer, Brigitte Badder-Meunier, Pierre Quartier, Christine Bodemer, Véronique Baudouin, Yannick Dieudonné, Frank Kirchhoff, Elsa Sanchez Garcia, Bruno Charbit, Nicolas Leboulanger, Bernd Jahrsdörfer, Yolande Richard, Anne-Sophie Korganow, Jan Münch, Sébastien Nisole, Darragh Duffy, Jean-Philippe Herbeuval
Control of TLR7-mediated type I IFN signaling in pDCs through CXCR4 engagement—A new target for lupus treatment

Science AdvancesJuillet 2019

DOI: 10.1126/sciadv.aav9019

  • 1Lupus érythémateux systémique (SLE) ou simplement « lupus ».
  • 2Dont le syndrome de Sjögren primitif, des sclérodermies systémiques, des polymyosites et certaines polyarthrites rhumatoïdes
  • 3Dans une étude précédente : Smith et al, Nature Communications, Février 2017. DOI: 10.1038/ncomms14253

Contact

Jean-Philippe Herbeuval
Chercheur au Laboratoire de chimie et biochimie pharmacologiques et toxicologiques
Nikaïa Smith
Institute of Molecular Virology - Allemagne
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Sophie Félix
Chargée de communication
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC