Une ERC pour remplacer des composés fluorés toxiques utilisés dans l’agroalimentaire et la pharmacochimie

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L'Union européenne devrait prochainement interdire la fabrication, l'utilisation et la fourniture des composés fluorés présentant le motifs CF3 jugés nocifs pour l’environnement.  Présents dans de nombreuses substances agrochimiques et pharmaceutiques, il est urgent de les remplacer. Le projet Give-Me-Five propose de substituer CF3 par le motif SF5 dont la minéralisation ne conduit pas à des substances persistantes et toxiques.

Les composés bioactifs contenant du fluor représentent près de 20 % des composés agrochimiques et pharmaceutiques. Le trifluorométhyle (CF3) est aujourd’hui l’un des motifs le plus utilisé en recherche et développement car il améliore considérablement les propriétés pharmacocinétiques. Mais l'Union européenne prépare actuellement des lois interdisant la fabrication, l'utilisation et la fourniture de ces composés polyfluorés (PFAS) car ce sont des substances nocives et très dangereuses. Par exemple, la minéralisation de composés bioactifs contenant un motif CF3 pourrait conduire à la formation de l’acide trifluoroacétique (TFA) très persistant et toxique. Remplacer ce motif CF3 devient donc urgent.

Dans ce contexte, les scientifiques se tournent vers le motif SF5 car ses propriétés physiques, chimiques ou biochimiques sont proches de celles de CF3, il est inoffensif et sa minéralisation ne conduit pas à des substances persistantes et toxiques. Hélas, son incorporation dans des molécules d’intérêt reste encore un défi à relever.

Le projet Give-Me-Five a donc pour objectif de proposer de nouvelles méthodes directes de synthèse de molécules à base de molécules SF5. La stratégie retenue vise à produire ces molécules à partir de l’hexafluorure de soufre (SF6), le gaz à effet de serre le plus puissant connu à ce jour, contribuant ainsi à sa valorisation. L’hexafluorure de soufre est déjà bien implanté dans le milieu industriel car il est utilisé pour l’isolation électrique des équipements haute-tension qui consomme 80% de tout le SF6 produit.

Après des études à l’université de Bourgogne à Dijon, Anis Tlili obtient son Doctorat à l’École d'ingénieur en Chimie Montpellier (2008-2011). Il réalise ensuite un premier stage post-Doctoral (2012-2013) à l’Institut Leibniz de catalyse à Rostock (Allemagne), puis un second en partenariat entre le Commissariat à l'énergie atomique (CEA, Saclay) et l’institut de chimie des substances naturelles (ICSN, Gif-sur-Yvette). Recruté au CNRS en 2014 à l’Institut de chimie et biochimie moléculaires et supramoléculaires, il poursuit ses recherches débutées pendant ses stages post-doctoraux sur la valorisation des gaz à effet de serre pour lesquelles il a obtenu un soutien INC “Emergence“ en 2022.

Ainsi, le développement de nouvelles méthodes directes de synthèse et d’incorporation du motif SF5 dans des molécules d’intérêt ouvrira la voie à de nouveaux développements en chimie médicinale, en agrochimie ainsi qu’en science des matériaux.

Rédacteur : CCdM

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Communication CNRS Chimie