Un gel révolutionnaire d’acide hyaluronique pour simultanément suivre et traiter l'arthrose

Résultats scientifiques

Des scientifiques ont mis au point un nouveau gel injectable à base d’acide hyaluronique qui promet de freiner l’arthrose tout en permettant aux médecins de suivre son action en temps réel. Cette avancée importante, parue dans la revue Theranostics, pourrait transformer la prise en charge de cette maladie dégénérative.

L’arthrose du genou touche des millions de personnes dans le monde, provoquant douleurs et perte de mobilité. Parmi les traitements existants, les injections d’acide hyaluronique sont utilisées pour lubrifier l’articulation et soulager les symptômes. Ce polysaccharide naturellement produit dans l’organisme se trouve principalement dans la peau, les articulations, les cartilages et les yeux. Il joue un rôle clé dans l’hydratation des tissus, la lubrification des articulations et la cicatrisation. Malheureusement, l’efficacité des injections dans le genou pour traiter l’arthrose reste controversée, notamment car elles sont faites "à l’aveugle" : on ne sait pas précisément comment l’acide hyaluronique se répartit dans l’articulation ni combien de temps il reste en place.

Une équipe interdisciplinaire de scientifiques du CNRS, de l'Université Grenobles-Alpes, de l’INSERM et du CHU de Grenoble-Alpes vient de franchir un cap important en développant un hydrogel d’acide hyaluronique injectable qui combine deux propriétés inédites. Ce gel est à la fois autocicatrisant et radio-opaque. Cela signifie d’une part qu’il forme un matériau intègre qui reste en place après son injection et diffusion dans l’articulation. Par ailleurs, le marquage de cet hydrogel par un agent de contraste clinique iodé offre un suivi précis et à long terme du biomatériau dans l’articulation par imagerie. Avec ce gel, les médecins pourraient donc observer directement sa diffusion et adapter les traitements en fonction de chaque patient.

Testé sur des souris atteintes d’arthrose, ce gel a montré sa capacité à ralentir la dégradation du cartilage et des os, tout en permettant de surveiller son action en direct. Mieux encore, les scientifiques ont découvert que la rapidité avec laquelle le gel disparaît pourrait prédire l’efficacité du traitement. Une élimination rapide indiquerait une forte inflammation de l’articulation, suggérant un ajustement du traitement pour ces patients. À terme, cette innovation pourrait ouvrir la voie à une médecine de précision, où chaque patient bénéficierait d’un suivi personnalisé de son arthrose. 

La prochaine étape serait de prévoir des essais cliniques chez l’humain avant d’espérer intégrer cette technologie dans les hôpitaux. Si les résultats se confirment, ce gel « théranostique », c’est à dire qui combine action thérapeutique et diagnostic, pourrait bien devenir une révolution dans la lutte contre l’arthrose et offrir un espoir tangible aux millions de personnes qui en souffrent ! Une avancée publiée dans la revue Theranostics.

Rédacteur : AVR

Référence

A self-healing radiopaque hyaluronic acid hydrogel as a new injectable biomaterial for precision medicine in osteoarthritis
Moustoifa Said, Clément Tavakoli, Chloé Dumot, Karine Toupet, Cécile Olivier, Alexia Gilles, Marie Maumus, Yuxi Clara Dong, Nora Collomb, Céline Auxenfans, Anaïck Moisan, Bertrand Favier, Benoit Chovelon, Emmanuel Luc Barbier, David Peter, Cormode, Emmanuel Brun, Hélène Elleaume, Marlène Wiart, Olivier Detante, Claire Rome, Danièle Noël & Rachel Auzély-Velty
Theranostics 2025
https://doi.org/10.7150/thno.104551 

Contact

Rachel Auzély-Velty
Enseignante-chercheuse au Centre de recherches sur les macromolécules végétales (CNRS/Université Grenoble Alpes)
Marlène Wiart
Chercheuse CNRS dans l’unité INSERM CARMEN-IRIS
Communication CNRS Chimie