Un catalyseur photoredox qui accumule les charges sous lumière visible

Résultats scientifiques

La catalyse photorédox, qui utilise la lumière visible pour promouvoir une réaction chimique, est en train de s’imposer comme un outil majeur pour opérer des synthèses organiques plus durables. Le stockage de l’énergie solaire sous forme de liaisons chimiques est un autre but de cette catalyse.  Un catalyseur photoredox nécessite l'association d'une antenne photoactive, qui produit des charges sous l’action des photons, à un catalyseur redox capable d'accepter/libérer ces charges photogénérées pour opérer les réactions redox recherchées. La plupart de ces réactions impliquent des processus multi-électroniques, alors que les photosensibilisateurs produisent généralement des processus de séparation de charge mono-électroniques. Seuls quelques systèmes moléculaires photoactifs dotés d'un site d'accumulation de charges ont été décrits jusqu'à présent. Le développement d'un système intégré capable d'absorber l'énergie de la lumière visible, d'accumuler des charges et enfin de les utiliser dans un processus catalytique est donc d'un grand intérêt.

Des chimistes de l’Institut Parisien de Chimie Moléculaire (CNRS/Sorbonne Université) et de l’Institut des Sciences Moléculaires de Marseille (CNRS/Aix Marseille Université/Centrale Méditerranée) ont récemment synthétisé un tel système à base d'un composé hybride organique/inorganique constitué d'un polyoxométalate fonctionnalisé et d'un complexe de cuivre. Sous irradiation par la lumière visible, cet édifice moléculaire est capable d'emmagasiner jusqu'à trois équivalents réducteurs. Le site du processus de réduction est discuté sur la base de mesures physico-chimiques et de calculs théoriques. Les chimistes ont démontré la puissance de ce système photorédox avec la génération photocatalytique de radicaux de type CF3 (trifluorométhyle) aux applications directes en synthèse organique pour l’industrie pharmaceutique ou agro-alimentaire. Ces résultats sont parus dans le Journal of the American Chemical Society.

Sous irradiation lumineuse, le composé hybride organique/inorganique constitué d'un polyoxométalate fonctionnalisé et d'un complexe de cuivre est capable d'emmagasiner jusqu'à trois équivalents réducteurs. © Maylis Orio

Référence

Multi-Electron Visible Light Photoaccumulation on a Dipyridylamine Copper(II)−Polyoxometalate Conjugate Applied to Photocatalytic Generation of CF3 Radicals
Weixian Wang, Lise-Marie Chamoreau, Guillaume Izzet, Anna Proust, Maylis Orio & Sébastien Blanchard
JACS 2023
https://doi.org/10.1021/jacs.3c01716

Contact

Maylis Orio
Chercheuse à l'Institut des sciences moléculaires de Marseille (CNRS/Aix Marseille Université/Centrale Méditerranée)
Sébastien Blanchard
Enseignant chercheur à l'Institut Parisien de chimie moléculaire (CNRS/Sorbonne Université)
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC
Anne-Valérie Ruzette
Chargée scientifique pour la communication - Institut de chimie du CNRS