Matériaux 2D et chimie supramoléculaire : un nouveau prix pour Paolo Samori
Directeur de l’institut ISIS (CNRS/Université de Strasbourg), Paolo Samorì a été distingué par la Royal society of chemistry avec le prix binational franco-britannique, créé en partenariat avec la Société chimique de France, pour ses efforts en recherche internationale. Ses travaux visent à offrir de nouvelles propriétés aux nanomatériaux, afin d’en faire des composants, des dispositifs miniatures et des capteurs, avec des performances supérieures à l’état de l’art. Des recherches que Paolo Samorì mène tout en insistant sur la formation et l’épanouissement des jeunes chercheurs.
« Je voudrais parvenir à la véritable télécommande nanoscopique, celle où chaque bouton changerait les propriétés d’un matériau, dont les propriétés électriques et optiques. » Armé de méthodes aussi bien issues de la chimie que de la physique, Paolo Samorì façonne des nanomatériaux de pointe pour concevoir des composants ultra-miniaturisés. Professeur à l’Université de Strasbourg et directeur de l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires (ISIS, CNRS/Université de Strasbourg), il vient de recevoir le prix franco-britannique Lectureship in chemical sciences de la Royal society of chemistry — Société chimique de France. Cette distinction, qui s’ajoute à un palmarès déjà riche, est remise tous les deux ans, une fois par la France à un chimiste britannique, puis inversement. L’occasion de valoriser une carrière consacrée à « accroître les potentialités fonctionnelles des matériaux ».
Paolo Samorì combine en effet différentes approches pour obtenir des matériaux plus performants. Il travaille ainsi avec des matériaux 2D, aux propriétés électriques, optiques et thermiques exceptionnelles, et leur confère des fonctions supplémentaires lorsqu’ils sont connectés à des molécules ou des systèmes supramoléculaires.
Ses travaux trouvent des applications dans l’électronique pliable et portable de demain, dans le stockage d’énergie et dans la purification de l’eau, mais un large pan de ses travaux est dédié à la réalisation de capteurs de pression et chimiques. Ils visent à améliorer notre qualité de vie en contrôlant la santé d’une personne et en surveillant la composition de l’environnement. Ces derniers capteurs sont sélectifs, c’est-à-dire qu’ils sont extrêmement peu influencés par les conditions autres que celles qu’ils doivent mesurer. Cette propriété leur confère une excellente précision. Très prolifique, Paolo Samorì a publié environ 350 articles, cités plus de 14 000 fois, et tissé de nombreux liens internationaux.
La coopération au-delà des frontières est un point important pour ce chercheur italien, élevé à Bologne, qui a passé sa thèse et son postdoctorat à l’Université Humboldt de Berlin. En 2003, il est devenu professeur invité à l’ISIS, un institut qu’il dirige à présent. « L’environnement scientifique mis en place par le professeur Jean-Marie Lehn est extrêmement stimulant et dynamique, grâce à son caractère interdisciplinaire et international. Une véritable pépinière de cerveaux. »
En effet, l’ISIS est marqué du prestige de quatre prix Nobel de chimie : Jean-Marie Lehn en 1987, Martin Karplus en 2013, Jean-Pierre Sauvage en 2016 et Richard R. Schrock en 2005. Cette émulation attire des chercheurs et des étudiants du monde entier, assurant une vivifiante circulation des idées innovantes à la fois fondamentales et appliquées. « La recherche est une activité collective, un prix récompense une équipe, insiste Paolo Samorì. D’ailleurs, je ne pense pas qu’un scientifique doive être évalué au nombre de ses publications, de ses prix et de ses conférences une fois en fin de carrière. Ce qu’il rêve de laisser derrière lui, c’est une école, des doctorants et des post-doctorants qui deviendront des leaders mondiaux dans leur domaine. »
Martin Koppe