Hommage à Martin Karplus, prix Nobel de chimie 2013
Martin Karplus (1930-2024) nous a quittés au mois de décembre. Ce chercheur austro-américain avait de forts liens avec la France, ayant notamment dirigé le laboratoire de chimie biophysique à l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires (ISIS, CNRS/Univ. Strasbourg). Il avait obtenu en 2013 le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur la modélisation informatique des réactions chimiques.
Né en 1930 à Vienne (Autriche), Martin Karplus quitte le pays avec sa famille, juive, juste après l’annexion par l’Allemagne. Les Karplus partent alors pour la Suisse, la France, puis les États-Unis. Le futur chercheur fait de brillantes études à Harvard (États-Unis) et décroche son doctorat en 1954, sous la direction de non moins que Linus Pauling, le doublement primé d’un Nobel de chimie et de la paix. Martin Karplus a ensuite effectué son postdoctorat à l’université d’Oxford (Royaume-Uni).
Il a enseigné aux universités de l’Illinois, de Columbia et à Harvard. Cet ancrage outre-Atlantique n’empêcha pas Martin Karplus de travailler en France à partir des années 90. Il a fondé un groupe de recherche à Strasbourg, est devenu professeur à l’actuelle Université de Strasbourg et a dirigé le laboratoire de chimie biophysique à l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires (ISIS, CNRS/Univ. Strasbourg). Signe de son énorme activité, il ne cessa pas pour autant ses enseignements à Harvard.
En 1970, il a programmé avec Arieh Warshel, avec qui il recevra le prix Nobel, une modélisation des noyaux et de quelques électrons d’une molécule simple, mêlant pour cela physique classique et quantique. Ce sera le point de départ pour la modélisation de composés toujours plus complexes et une véritable révolution pour l’étude des réactions chimiques. Une des nombreuses grandes applications consiste à cribler bien plus rapidement et sélectivement les médicaments. Le chercheur est aussi connu pour son équation, dite de Karplus, qui est utilisée pour lire les analyses par résonance magnétique nucléaire, ainsi que pour ses travaux sur l’interprétation des réactions élémentaires et sur la dynamique et le repliement des protéines.
Aux côtés de l’américano-britannique Michael Levitt et de l’israélo-américain Arieh Warshel, Martin Karplus a reçu le prix Nobel de chimie 2013 pour ses travaux sur la modélisation informatique des réactions chimiques, et en particulier sur des simulations numériques multiéchelle de macromolécules biologiques. En dehors de la recherche, il était notamment passionné de photographie, de cuisine et de vins. Il est décédé à Cambridge, où se situe l’université Harvard, le 28 décembre 2024, à 94 ans.
CNRS Chimie adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et ses proches.
Rédacteur : MK