Electronique : Ulrike Lüders prend les rênes d’un laboratoire commun dédié aux composants miniaturisés

Innovation

Ulrike Lüders dirige un tout nouveau laboratoire commun de recherche qui sera inauguré le 8 mars : Integrated passive devices of Normandy (IPDN). En plus du Laboratoire de cristallographie et sciences des matériaux (CRISMAT) où Ulrike mène déjà ses recherches, l’IPDN réunit le Centre de recherche sur les ions, les matériaux et la photonique (CIMAP), le Groupe de recherche en informatique, image, automatique et instrumentation de Caen (GREYC), et Murata, géant japonais des composants électroniques. Pour autant, cela n’impressionne pas la spécialiste des couches minces d’oxydes, rompue aux collaborations internationales. Sans se départir de sa jovialité, la chercheuse allemande en sciences des matériaux donnera le cap à cette nouvelle structure axée sur des composants électroniques tels que des condensateurs ultra-miniaturisés.

Vous allez diriger l’IPDN, un laboratoire commun de recherche réunissant trois centres de recherche normands et l’entreprise japonaise Murata, spécialiste mondial des composants électroniques. Comment vos travaux dans un laboratoire de chimie vous ont-ils menée à ces responsabilités ?

L’IPDN pourra compter sur mon expérience de l’étude des couches minces d’oxydes fonctionnels, notamment pour des applications liées aux condensateurs. Avec des couches minces d’oxydes fonctionnels suffisamment performantes et fiables, on pourrait installer les condensateurs directement dans l’épaisseur du circuit. On gagnerait alors en espace et en efficacité.

À côté de cet axe, je travaille aussi sur les matériaux conducteurs transparents, comme le vanadate de strontium (SrVO3). J’explore différentes manières de les faire croître sur du verre, afin d’opérer des transferts technologiques pour que l’industrie s’en empare. Ces matériaux servent dans n’importe quel contexte d’interaction entre la lumière et l’électricité. On pense bien sûr aux écrans plats et aux écrans tactiles, mais également aux LED et aux systèmes photovoltaïques.

 Quels sont les objectifs de l’IPDN ?

Au sein du CRISMAT[1], je collaborais déjà depuis plusieurs années avec Murata, qui dispose d’un site de fabrication à Caen, sur des recherches très en amont. Grâce à ce laboratoire commun, qui réunit aussi le CIMAP[2] et le GREYC[3], nous allons concevoir tous ensemble de nouveaux composants, en particulier des condensateurs. Ces composants électroniques sont extrêmement répandus, on les retrouve sous forme de petits pavés sur les circuits de votre ordinateur, téléphone, etc. Nous allons travailler sur leur intégration dans des processus industriels et à leur fiabilisation.

L’idée est de développer une nouvelle génération de dispositifs, et de les étudier avec une finesse et une précision d’analyse supérieures à celles que Murata avait atteint jusqu’à présent. L’entreprise a conçu une technologie de substrat en silicium où, afin de pousser la miniaturisation, les matériaux actifs sont élaborés dans des pores non plus micrométriques, mais nanométriques. Il faudra donc tester et adapter ces dispositifs.

Quel est votre rapport au monde industriel ?

J’ai grandi et j’ai fait des études de physique dans mon pays natal, l’Allemagne, avant de partir à Barcelone pour ma thèse en sciences de matériaux, en cotutelle avec Toulouse où j’ai ensuite fait mon postdoctorat. Avant d’intégrer le CRISMAT à Caen en 2007, je n’envisageais pas forcément une carrière de chercheuse. Je pensais rejoindre le monde industriel après mon doctorat, comme cela se fait beaucoup en Allemagne. Mais pendant ma thèse, j’ai réalisé à quel point la recherche publique est passionnante, source perpétuelle de thématiques émergentes. Elle nourrit des solutions pour le secteur industriel, qui m’intéresse toujours beaucoup. L’environnement de l’IPDN et ses perspectives, à la croisée de la recherche fondamentale et de l’innovation, m’enthousiasment d’avance !

[1] Laboratoire de cristallographie et sciences des matériaux (CNRS/ENSICAEN/Université de Caen Normandie)

[2] CNRS/CEA/ENSICAEN/Université de Caen Normandie.

[3] CNRS/ENSICAEN/Université de Caen Normandie.

Contact

Ulrike Lüders
Chercheuse au Laboratoire de cristallographie et sciences des matériaux (CNRS/Ecole nationale supérieure d'ingénieurs de Caen/Université de Caen Normandie)
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC
Anne-Valérie Ruzette
Chargée scientifique pour la communication - Institut de chimie du CNRS
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS