EASVOLEE : un projet européen sur les émissions de particules ultrafines
Certains gaz peu volatiles émis par les moteurs thermiques dans l’atmosphère provoquent de nombreuses réactions chimiques, pouvant aboutir à la formation de particules ultrafines dont les propriétés et la toxicité restent encore mal connues. Pour mieux comprendre ces phénomènes, une équipe de l’Institut de recherches sur la catalyse et l'environnement de Lyon participe au projet EASVOLEE et mesure les émissions de véhicules en conditions réelles de circulation.
Partie prenante du projet européen EASVOLEE, Christian George, directeur de recherche CNRS à l’Institut de recherches sur la catalyse et l’environnement de Lyon (IRCELYON, CNRS/Univ. Claude Bernard) part en campagne pour toute l’année 2024 en collaboration avec le Centre de recherche en machines thermiques (CRMT), une entreprise lyonnaise spécialisée dans les mesures embarquées, pour mesurer les émissions de particules fines et de leurs précurseurs d’un véhicule en conditions réelles. Ce chercheur, spécialiste des réactions chimiques qui se déroulent dans l’atmosphère, nous éclaire sur cette expérience de terrain inédite.
Quels sont les objectifs d’EASVOLEE ?
EASVOLEE veut évaluer le rôle réel du transport dans l’émission de gaz précurseurs de particules ultrafines, ainsi que l’impact de ces dernières sur notre santé. Ces composés restent mal connus, alors qu’ils pourraient être une source importante d’aérosols secondaires. Bien qu’il s’agisse des aérosols les plus abondants en nombre dans l’atmosphère, ces particules ne sont pas directement relâchées dans l’air, mais y apparaissent à la suite d’une cascade de réactions chimiques. Nous voulons donc comprendre quels composés aboutissent à la formation de quel aérosol secondaire.
Des simulations numériques permettront ensuite à nos collègues norvégiens de mettre à jour les cadastres et les cartes d’émissions à l’échelle européenne. Quant à nos partenaires grecs et israéliens, ils évalueront la toxicité des particules en question, y compris celles que la réglementation n’impose pas de surveiller. Nous souhaitons ainsi accompagner l’évolution de la législation européenne sur les émissions des moteurs thermiques.
Pour résumer, EASVOLEE vise à quantifier, en Europe, la contribution des aérosols secondaires issus des moteurs thermiques aux problèmes de qualité de l’air, ainsi que d’établir des indicatifs et des stratégies pour réduire la concentration de ces aérosols.
Quel est le rôle spécifique de l’IRCELYON dans ce projet ?
Avec l’aide du CRMT, nous avons par exemple installé près de deux tonnes d’équipements scientifiques à bord d’un bus. Ces instruments permettent de caractériser les émissions du véhicule directement à la sortie du pot d’échappement, afin de savoir ce qui est émis. Comme nous conduisons le bus dans la circulation lyonnaise, nous restons au plus près des conditions réelles. Cette approche apporte une réponse non seulement réaliste, mais également bien plus complète, sur la contribution de ces moteurs thermiques à la pollution de l’air. Nous testerons plus tard une quinzaine de véhicules différents, comme des voitures et des camionnettes de livraison.
Pourquoi ce projet de recherche ne peut-il se concrétiser qu’à l’échelle européenne ?
Tout simplement parce qu’aucun laboratoire ne dispose de l’ensemble des instruments et des compétences nécessaires. À l’IRCELYON par exemple, nous sommes avant tout des expérimentalistes experts dans la physico-chimie des aérosols. Au total, EASVOLEE réunit huit partenaires issus de sept pays différents, sous la coordination de Spyros Pandis de l’université de Patras (Grèce). Il s’agit du CNRS, de la Fondation grecque pour la recherche et les technologies (FORTH), de l’Organisation néerlandaise pour la recherche en sciences appliquées (TNO), de l’institut des sciences Weizmann (Israël), de l’Institut norvégien de météorologie, du CRMT, de l’Institut Paul Scherrer (Suisse) et de l’université de sciences appliquées de Berne (Suisse).