Des nanomédicaments pour mieux traiter le sepsis
Le sepsis, réponse inflammatoire exacerbée de l’organisme face à une infection, demeure une cause majeure de mortalité à l’échelle mondiale. Les traitements efficaces existent mais s’accompagnent souvent d’effets secondaires importants. Des scientifiques du CNRS proposent une approche innovante à base de nanovecteurs permettant une distribution optimisée des principes actifs vers les cellules immunitaires hyper-inflammées, améliorant ainsi significativement la survie dans un modèle murin de sepsis.
Le sepsis est une réponse immunitaire excessive et incontrôlée de l’ensemble de l’organisme à une infection bactérienne, virale, fongique ou parasitaire. Les cellules immunitaires libèrent un excès de cytokine qui se propagent dans tout le corps, de manière systémique, pouvant entraîner des lésions tissulaires, une défaillance d'organes, voire le décès des patients. Près de 50 millions de personnes sont touchées chaque année par le sepsis, principalement dans les pays en développement.
Le plus souvent, pour moduler cette réponse inflammatoire excessive, on utilise des corticostéroïdes comme la dexaméthasone, des molécules dérivées du cholestérol. Il est ainsi possible de réduire le taux de mortalité, en dépit de certains effets secondaires graves (hyperglycémie, infections secondaires, faiblesse musculaire…) liés à leur administration systémique à forte dose ou de manière prolongée.
D’où l’idée, pour limiter ces effets secondaires, de véhiculer (vectoriser étant le terme le plus souvent employé) ces principes actifs jusqu’aux cellules immunitaires défaillantes pour mieux cibler leur action. C’est ce que sont parvenus à réaliser des scientifiques de l’Institut Galien Paris-Saclay (CNRS/Université Paris-Saclay) qui sont aussi membres de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Prometheus (Université Paris-Saclay/CEA/AP-HP/Inserm), en insérant la dexaméthasone dans des structures sphériques lipidiques de très petite taille (inférieure à 15nm) appelées micelles. Ils sont ainsi parvenus à prolonger la circulation sanguine de la dexaméthasone et cibler plus spécifiquement les cellules immunitaires hyper-inflammées. En effet la vectorisation par les micelles permet une meilleure distribution de la molécule ainsi qu’une accumulation préférentielle dans les cellules immunitaires présentes dans le sang.
Une fois la preuve de concept démontrée in vitro, l’’équipe a pu tester l’efficacité de ce traitement dans un modèle de sepsis chez la souris. Comparé à un traitement classique, le taux de survie des souris est très significativement amélioré démontrant l’efficacité et le potentiel de cette stratégie.
Ce traitement, à la fois biocompatible et peu onéreux, pourrait facilement être déployé à grande échelle. De plus ces micelles peuvent être lyophilisées et stockées à 4°C pendant plus d’un an tout en conservant leur effet anti-inflammatoire facilitant ainsi leur déploiement dans un large éventail de systèmes de santé.
Rédacteur : CCdM
Référence
Younes Louaguenouni, Qinglin Wang, Thomas Baticle, Catherine Cailleau, Elodie Lamy, Julie Mougin, David Chapron, Stanislas Grassin-Delyle, Juliette Vergnaud, Nicolas Tsapis, Elias Fattal & François Fay
Robust micelles formulation to improve systemic corticosteroid therapy in sepsis in multiple healthcare systems
Journal of Controlled Release 2025
https://doi.org/10.1016/j.jconrel.2025.113635