Des cibles moléculaires potentielles découvertes pour lutter contre des parasites unicellulaires

Résultats scientifiques

De nombreuses maladies sont provoquées par des parasites unicellulaires, comme la maladie du sommeil, la toxoplasmose, la maladie de Lyme ou encore le paludisme. Le fonctionnement de ces micro-organismes s’apparente tellement à celui de nos cellules qu’il est difficile de les traiter sans causer d’effets secondaires excessifs. Des chercheurs de l’Institut européen de chimie et biologie (IECB, CNRS/Université de Bordeaux/INSERM) ont cependant découvert des mécanismes qui n’existent que chez ces parasites. Ces travaux, publiés dans la revue PNAS, offrent ainsi d’excellentes cibles potentielles pour développer des soins plus efficaces.

Les trypanosomes et les leishmanias sont des parasites protozoaires responsables de pathologies comme la maladie de sommeil, la maladie de Chagas et les leishmanioses. Contrairement aux bactéries ou aux virus, ces organismes unicellulaires possèdent un noyau, comme les cellules des mammifères et la plupart des animaux. Nous partageons donc un certain nombre de fonctions cellulaires avec eux. Ainsi, pour la maladie de Chagas, les rares traitements efficaces ne sont prescrits qu’aux cas les plus aigus et impactent également nos cellules. Ils sont si nocifs qu’environ un tiers des patients sont obligés d’arrêter le traitement, alors même que ces maladies peuvent être mortelles. Les stratégies se focalisent donc surtout sur la prévention et tentent d’éliminer les insectes qui transmettent trypanosomes et leishmanias à l’homme. Mais les conséquences du changement climatique font que ces insectes se répandent de plus en plus loin hors des régions tropicales. Des chercheurs de l’Institut européen de chimie et biologie (IECB, CNRS/Université de Bordeaux/INSERM) ont cependant découvert des fonctions cellulaires qui n’appartiennent qu’aux trypanosomes et les leishmanias, nouvelles cibles de choix pour trouver des médicaments avec moins d’effets secondaires.

Grâce à la cryomicroscopie électronique et à la spectrométrie de masse, les scientifiques ont exploré l’architecture des ribosomes : la machinerie biologique qui traduit les ARN messager en protéines. Pour devenirs fonctionnels, ils ont besoin de molécules appelées facteurs de maturation. L’équipe a identifié seize facteurs de maturation dont certains sont spécifiques à ces parasites et indispensables à leur survie. Les viser permettrait donc en théorie un traitement avec peu d’effets secondaires. Parmi ces cibles, les chercheurs tentent à présent de repérer les plus prometteuses et de trouver les molécules les plus adaptées pour les attaquer.

Mitoribosome et intermédiaires d’assemblage des parasites Trypanosoma cruzi et de Leishmania tarentolae. En haut, la structure particulière du ribosome présent dans les mitochondries, avec en couleur les facteurs de maturation © Yaser Hashem

Référence

Structure of the mature kinetoplastids mitoribosome and insights into its large subunit biogenesis, Heddy Soufari, Florent Waltz, Camila Parrot, Stéphanie Durrieu, Anthony Bochler, Lauriane Kuhn, Marie Sissler, and Yaser Hashem PNAS, 24 novembre 2020.

 

https://www.pnas.org/content/early/2020/11/06/2011301117

Contact

Yaser Hashem
Chercheur, Institut Européen de Chimie et de Biologie (CNRS/INSERM/Université de Bordeaux)
Marie-Anne Sissler
Chercheuse, Institut Européen de Chimie et de Biologie (CNRS/INSERM/Université de Bordeaux)
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Anne-Valérie Ruzette
Chargée scientifique pour la communication - Institut de chimie du CNRS