Anne Robert : « Ma recherche en science est motivée par la quête de traitements »
Anne Robert est directrice de recherche CNRS au Laboratoire de chimie de coordination (LCC) de Toulouse. Elle mène de longue date une recherche fondamentale focalisée sur les thérapies pour lutter, notamment, contre la maladie d'Alzheimer.
Entrée en 1985 au CNRS, Anne Robert est spécialiste de la réactivité des métaux de transition et de leurs complexes, en chimie ou en biologie. Avec Bernard Meunier, directeur de recherche et co-auteur avec elle d’un chapitre du livre Étonnante chimie (CNRS Editions), elle présente un texte intitulé La maladie d’Alzheimer : que font les chimistes !
Une part majeure de la chimie biologique met en jeu des métaux tels que le fer et le cuivre, qui, de ce fait, jouent un rôle important dans certaines maladies.
« C’est ce chemin qui nous a conduits à travailler sur la maladie d’Alzheimer, mais aussi sur d’autres pathologies, toujours avec un objectif qui est celui de trouver un médicament. L’idée est d’approfondir les connaissances disponibles, dans un but thérapeutique. » insiste Anne Robert. En effet, il s’agit là d’une spécificité de son laboratoire de recherche toulousain dont la vocation n’est pas seulement la compréhension du mécanisme des pathologies mais bien la quête de nouvelles pistes plus efficaces pour soigner, notamment, des maladies parasitaires du sang comme le paludisme, ou bien la maladie d’Alzheimer.
L’attente d'un traitement efficace pour cette dernière pathologie dégénérative est grande dans nos sociétés où l’allongement de l’espérance de vie a rendu son occurrence très importante. Malheureusement, tous les essais cliniques impliquant de nouvelles molécules pour soigner la maladie d'Alzheimer ont échoué depuis vingt ans. Pour Anne Robert, il faut accepter de sortir des pistes déjà explorées, des sentiers battus et avoir « le culot » d’explorer de nouvelles hypothèses pour avancer.
Contribuer à l’ouvrage Étonnante chimie pour informer sur un état des lieux concernant la recherche paraissait donc tout à fait naturel à Anne Robert et Bernard Meunier. Collaborateurs de longue date, ils publient des textes scientifiques mais également des articles de vulgarisation. Tout au long de sa carrière, Anne Robert a participé à des actions à destination des jeunes ou de leurs professeurs de l'enseignement secondaire, pour les sensibiliser au domaine de la chimie.
Transmettre et donner des perspectives sont des actions toujours menées de front par la chercheuse. La différence explique-t-elle, réside dans la formulation de l’information pour le grand public : « Il est important d’expliquer notre travail avec un discours adapté à nos interlocuteurs qui ne sont pas scientifiques. On ne donne pas le même détail des arguments, mais il faut être aussi rigoureux et utiliser un langage juste. »
Pour Anne Robert, le choix d’orientation vers la chimie à l’université pour les femmes est significatif (elles sont plus de 60% dans certains masters). « Dans notre laboratoire, les étudiantes sont majoritaires : dans notre équipe, il y a actuellement cinq jeunes femmes étudiantes, de la licence au doctorat et, si j’ai de la chance, peut-être… un étudiant doit arriver. » dit-elle, avec humour. Ce qui compte pour Anne Robert : « C’est la motivation des étudiants pour faire avancer la recherche. »
Par Zahra Muyal