Synthèse totale d’une molécule cytotoxique aux vertus anticancéreuses

Résultats scientifiques Vivant et santé

Le monde végétal inspire constamment la chimie, mais comment faire lorsqu’une plante d’intérêt ne vit en symbiose que dans un seul endroit reculé ? L’algue Amphidinium cohabite ainsi avec une bactérie uniquement dans la baie japonaise d’Okinawa, où ils produisent une famille de molécules cytotoxiques pouvant servir en chimiothérapie anticancéreuse : les amphidinolides. Des chercheurs du laboratoire BioCIS (CNRS/Université Paris-Sud/Université Paris-Saclay) sont parvenus à synthétiser totalement l’amphidinolide F. Ces travaux sont publiés dans Organic Letters.

Les composés d’origine marine présentent parfois des propriétés pharmacologiques uniques : l’éribuline, extraite d’une éponge japonaise, et la trabectédine, tirée d’une ascidie des Caraïbes, sont par exemple utilisées contre différents cancers. Mais ces molécules ne peuvent souvent pas être extraites en quantités suffisantes pour produire un médicament. Le challenge consiste à synthétiser le composé naturel et ses analogues structuraux en un nombre minimum d’étapes, pour enfin envisager la préparation du principe actif à large échelle. Une équipe du laboratoire Biomolécules : conception, isolement, synthèse (CNRS/Université Paris-Sud/Université Paris-Saclay) se sont intéressés à l’algue Amphidinium de la baie japonaise d’Okinawa, qui interagit avec une bactérie pour produire des amphidinolides, molécules utilisées en chimiothérapie anticancéreuse. Les chercheurs ont ainsi réalisé en vingt-trois étapes la synthèse totale de l’amphidinolide F, le représentant le plus simple de cette famille de molécules.

La stratégie utilisée pour assembler son macrocycle ouvre la voie à l’obtention d’autres composés du même type. En effet, l’Amphidinium produit également les amphidinolides C, C2, C3 et U, tous hautement cytotoxiques comme le F. Si l’amphidinolide C reste le composé le plus actif, il n’a pas été synthétisé en premier car sa chaîne latérale plus longue complexifie l’opération. Néanmoins, la synthèse de ces derniers est toujours à l’étude dans le laboratoire.

 

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©Laurent Ferrié

 

 

Référence

L. Ferrié, J. Fenneteau, B. Figadère
Total Synthesis of Marine Macrolide Amphidinolide F 
Organic Letters - Mai 2018
DOI: 10.1021/acs.orglett.8b01020

 

 

Contact

Bruno Figadère
Chercheur au laboratoire Biomolécules : conception, isolement, synthèse (BioCIS/CNRS/Université Paris-Saclay)
Sophie Félix
Chargée de communication
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC