« Make our planet great again » Amir Hoveyda, le pari d’une catalyse durable

Entretiens Catalyse Environnement

À la suite du retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat en 2017, le président Emmanuel Macron a lancé en 2017 l’appel à projets « Make our planet great again ». MOPGA finance l’accueil dans des laboratoires français de scientifiques étrangers, afin qu’ils apportent leur pierre à la lutte contre le changement climatique. Lauréat de la troisième vague de projets, le professeur Amir Hoveyda du Boston College a posé ses valises et ses béchers à l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires (ISIS, CNRS/Université de Strasbourg), haut lieu de la recherche mondiale en chimie. Un choix qui n’a rien d’anodin.

Que représente pour vous « Make our planet great again » ?

En tant qu’humain et chercheur, mon but est de voir les gens vivre plus longtemps. Je suis un disciple du bouddhisme et je cherche donc à réduire la souffrance humaine et animale. Les gouvernements ne s’en préoccupent pas tous : le président français, Emmanuel Macron, a donc pris une initiative importante, en permettant notamment à des chercheurs étrangers de venir effectuer des séjours en France pour développer, avec leurs collègues, des projets de recherche autour des sciences du système Terre, des sciences du changement climatique et de la transition énergétique.

 

Comment allez-vous mettre en œuvre votre projet de recherche dans le cadre de MOPGA ?

Je suis accueilli à l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires de Strasbourg, l’ISIS, où je mets en place le groupe de recherche PRACCATAL, focalisé sur le développement de nouvelles méthodes de catalyse, dédiées à la production de molécules organiques à haute valeur ajoutée pour la médecine. Il s’agit principalement de composés anticancéreux, antitumoraux et contre l’hépatite C, qui partagent des structures communes. Avec les chercheurs de l’ISIS, nous chercherons à les produire en masse tout en limitant drastiquement les rejets, jusqu’à atteindre une efficacité qui soulage l’environnement.

Je travaillerai en France pendant trois ou quatre ans, dans un premier temps au rythme de six mois par an, alternant entre Strasbourg et ma chaire de chimie au Boston College dans le Massachusetts, où une partie de mon équipe travaille encore. Mon dernier article, publié dans Science, a ainsi été rédigé avec des collègues de Boston et de Strasbourg. Nous sommes pour la première fois parvenus à faire fonctionner ensemble deux catalyseurs, qui s’excluaient jusque-là. Cela a permis d’améliorer la production d’un médicament anticancéreux naturel, la tangutorine.

 

Pourquoi avoir choisi l’ISIS ?

La réputation de l’ISIS de Strasbourg dans la recherche en chimie m’a en grande partie attiré. Entre son fonctionnement et les chercheurs qui y travaillent, cette unité de recherche est pour moi un laboratoire unique non seulement en France, mais aussi dans le monde. On y retrouve les trois prix Nobel Jean-Marie Lehn, Jean-Pierre Sauvage et Martin Karplus, et des sujets aussi variés que les nanotechnologies ou la biophysique. Make our planet great again a été l’occasion parfaite pour venir y travailler et rencontrer mes nouveaux collègues.

 

Sur quels principes reposent vos travaux liés au programme PRACCATAL soutenu par MOPGA ?

Son nom signifie practical catalyst, soit une catalyse pragmatique. Les chercheurs en chimie développent en effet de nombreux protocoles, mais beaucoup restent difficiles à mettre en pratique. Les chimistes sont amenés à utiliser des solvants et, une fois la réaction terminée,il est important de gérer les déchets. Il en va de même pour les étapes de purification.

PRACCATAL vise donc à développer des procédés plus respectueux de la nature, en réduisant l’usage des solvants grâce à l’emploi de catalyseurs. Pour concevoir ces derniers, nous privilégions l’usage de métaux abondants : fer, nickel, molybdène, etc. Les problèmes d’échelle doivent être résolus, produire plusieurs tonnes de composés à la fois permet d’importantes économies de solvants.

Il y a neuf ans, j’ai fondé en Europe une entreprise sur les mêmes principes : XiMo. Son siège est en Suisse et son laboratoire en Hongrie, mon poste à Strasbourg va d’ailleurs m’en rapprocher. Avec MOPGA, il ne s’agit pas de mettre la France ou un autre pays en avant, mais bien la planète entière. Nous sommes tous dans le même bateau et nous avons besoin d’espoir dans cette période trouble.

 

En savoir plus sur Amir Hoveyda

Contact

Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Sophie Félix
Chargée de communication
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC