MacrilenTM, nouvel outil pour identifier le déficit d'hormone de croissance chez l'adulte

Résultats scientifiques Vivant et santé

Spécialisés dans l'étude du récepteur qui contrôle la libération de l'hormone de croissance, des chercheurs de l'Institut des Biomolécules Max Mousseron de Montpellier sont à l'origine du JMV1843, un composé qui active le récepteur et permet la libération de l'hormone. Rebaptisé MacrilenTM, le JMV1843 vient d'obtenir une autorisation de mise sur le marché en Amérique du Nord pour le diagnostic de déficience de l'hormone de croissance, chez l'adulte. D'autres applications pourraient suivre…

L’hormone de croissance est essentielle pour le développement de l’enfant, mais aussi pour l’équilibre hormonal de l’adulte. Pour jouer son rôle, elle doit être fabriquée puis libérée dans l’organisme. Cette sécrétion est contrôlée par une autre hormone, la ghréline, en partie produite dans le cerveau (hypophyse) et qui, en se fixant sur le récepteur nommé growth hormone secretagogue receptor ou GHSR, libère l’hormone de croissance.

Depuis de nombreuses années, une équipe de l’Institut des Biomolécules Max Mousseron (IBMM) a fait de ce récepteur au fonctionnement complexe et au rôle central, sa spécialité. C’est ainsi que, dans le cadre d’un programme de recherche européen visant à identifier des molécules qui permettraient, comme la ghréline, de déclencher la sécrétion de l’hormone de croissance, les chercheurs de l’IBMM ont conçu et synthétisé un composé – nommé JMV1843* - capable de mimer l’action de la ghréline, autrement dit de se fixer sur son récepteur et de libérer l’hormone.

Après un parcours de vingt ans, des premiers essais in vitro aux études cliniques sur l’Homme, ce composé a reçu fin 2017 une autorisation de mise sur le marché par la Food and Drug Administration, l’agence américaine du médicament, pour son application dans le diagnostic de la déficience de l’hormone de croissance, chez l’adulte. Son arrivée va améliorer le diagnostic de cette pathologie qui survient chez l’adulte suite à une affection hypothalamo-hypophysaire (tumeur de l’hypophyse par exemple) ou un traumatisme cérébral, et qui toucherait environ 70 000 personnes dans le monde. Alors que le test utilisé jusqu’à présent (test de tolérance à l’insuline) implique des méthodes contraignantes et notamment des injections douloureuses, le nouveau composé sera ingéré par voie orale. En stimulant la libération de l’hormone de croissance (sous réserve qu’elle soit toujours fabriquée par le patient), il permettra de la doser par analyse de sang. Le test permettra ainsi de déceler une déficience, mais aussi de dissocier un déficit lié à une non libération de l’hormone ou à sa non fabrication par les cellules, et ainsi d’adapter les approches thérapeutiques.

Renommé Macrilen™, le composé qui sera commercialisé courant 2018 en Amérique du Nord par les laboratoires Æterna Zentaris, pourrait trouver d’autres applications, comme le traitement de la cachexie** (étude clinique de phase 2 en cours) ou des retards de croissance chez l’enfant (demande d’évaluation déposée auprès de l’agence européenne des médicaments). Si la molécule JMV1843 issue de l’IBMM suit désormais son parcours en tant que produit pharmaceutique, les chercheurs continuent d’explorer le récepteur GHSR. Leur but : élaborer des composés capables non plus de le stimuler mais de le bloquer, et ainsi proposer de nouvelles approches pour traiter les pathologies dans lesquelles il est suractivé, comme l’obésité, le diabète ou les addictions.

 

* Brevet publié en 2001. Copropriété CNRS, Université de Montpellier, Æterna Zentaris. Inventeurs : J. Martinez, V. Guerlavais, J-A. Fehrentz.

** Dégradation profonde de l’état général survenant chez des patients atteints d’un cancer ou du sida par exemple.

Image retirée.
Modélisation 3D de la molécule JMV1843
©Nicolas Floquet, équipe Modélisation Moléculaire IBMM

 

Références

Vincent Guerlavais, Damien Boeglin, Delphine Mousseaux, Catherine Oiry, Annie Heitz, Romano Deghenghi, Vittorio Locatelli, Antonio Torsello, Corrado Ghé, Filomena Catapano, Giampiero Muccioli, Jean-Claude Galleyrand, Jean-Alain Fehrentz, Jean Martinez
New Active Series of Growth Hormone Secretagogues
J. Med. Chem. – 2003
DOI: 10.1021/jm020985q

 

Contact

Sophie Félix
Chargée de communication
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC